Nous proposerons à l'occasion de la semaine du Maghreb
au Sénateur-Maire Monsieur Michèle Fontaine de baptiser
une rue, une place ou une avenue
du nom de
l'Armée d'Afrique
Nous avons tous un ou plusieurs parents ou ancètres,dont le nom était gravé sur les monuments aux morts des villes et des villages d'Afrique du nord.
Algériens, Marocains, Tunisiens, Juifs et Pieds noirs,
à chaque conflit, des Balkans à Monté Cassino, de Verdun à Berlin, en passant par l'Indochine et plus tard par l'Algérie,
nous sommes portés volontaire dans un même élan, pour venir à chaque fois,
comme on disait à l'époque, "au secours de la mère Patrie".
Dès 1830 la France recrute dans la tribu Kabyle des Zwava des troupes qui seront engagées dans la guerre de 1870 et s'illustreront à Bazeille.
On appellera ces troupes: Les Zouaves.
14-18
Les troupes coloniales, notamment nord-africaines, sont présentes à Verdun
mais c'est surtout en 1917, pendant l'offensive du Chemin des Dames,
qu'elles serontengagées en masse.
Les mitrailleuses allemandes font des r s. C'est un désastre.
Près de la moitié des 16.000 hommes engagés sont mis hors de combat.
Sur 8 millions de soldats mobilisés (dont 1,4 million tués ou disparus), la mobilisation des troupes coloniales aura concerné :
– 175.000 Algériens (dont 35.000 tués ou disparus),
– 40.000 Marocains (dont 12.000 tués ou disparus),
– 80.000 Tunisiens (dont 21.000 tués ou disparus),
Précisons que les troupes coloniales comptent beaucoup d'Européens des trois pays du Maghreb enrolés comme simples soldats.
Dans les années 1920, en hommage au sacrifice des troupes coloniales, notamment d'Afrique du Nord, le gouvernement décide d'ériger une grande mosquée au coeur de Paris, dans le Quartier latin.
Celle-ci est inaugurée en grande pompe par le maréchal Hubert Lyautey.
Sensible à l'air du temps et désireuse de les honorer à sa manière,
une marque de petits-déjeuners chocolatés remplace dès 1915 l'Antillaise représentée sur ses paquets par un jovial tirailleur.
C'est le célèbre Y'a bon Banania, une forme d'hommage aux troupes coloniales.
Les décennies passant, le tirailleur aux traits réalistes laissera la place à un stéréotype niais et quelque peu raciste.
La Seconde Guerre mondiale (1939-1945)
Les troupes coloniales tiennent normalement leur place dans les combats de 1940 qui voient l'invasion de la France par les Allemands.
Plus nombreuses que lors de la précédente guerre, elles comptent près de 500.000 hommes, Européens compris.
Sur un total de 60.000 militaires français tués pendant l'invasion, un tiers appartiennent à ces troupes coloniales !
Début 1943, lorsque l'heure de la Libération approche, le général Henri Giraud, commandant en chef civil et militaire de l'Afrique du Nord, reconstitue les forces françaises.
Il recrute en masse les jeunes Européens d'Afrique du Nord :
176.000 au total, soit 45% des hommes mobilisés, y compris la classe 1945 enrôlée par anticipation ! Ces troupes subiront jusqu'à la capitulation de l'Allemagne un taux de pertes de 8% comme le rappelle l'historien Daniel Lefeuvre.
Le général Giraud, avant d'être évincé par son rival de Gaulle, enrôle aussi des indigènes (153.000 en Afrique du Nord ). Ces troupes vont connaître un taux de pertes de 4 à 5%.
Le Maréchal Juin né à Bône.
Monté Cassino
Dès le 10 juillet 1943, une troupe de tabors marocains encadrée par des officiers français participe au débarquement allié en Sicile avec le général américain Patton.
Elle est bientôt complétée par un important Corps expéditionnaire français, aux ordres du général Alphonse Juin, où combattent côte à côte Européens, Algériens et Marocains. Au total, 120.000 hommes soit autant que du côté anglo-saxon.
Les Nord-Africains s'illustrent en mai 1944 dans l'attaque des fortifications allemandes de la ligne Gustav, entre Naples et Rome, à hauteur du monastère du Mont-Cassin.
Le 5 juin 1944, à la veille du débarquement de Normandie, les troupes d'Italie font une entrée triomphale à Rome.
Les tirailleurs africains participeront quant à eux au débarquement allié de Provence, le 16 août 1944, deux mois après celui de Normandie.
Le 25 août 1944, des fusiliers marocains et des tirailleurs africains figurent aussi parmi les soldats de la IIe DB du général Leclerc qui libère Paris.
A la fin de l'année, la 2e division d'infanterie marocaine est la première
unité française à franchir le Rhin.
À la fin 1945, les différents corps d'armée français et les résistants de l'intérieur sont rassemblés dans une 1ère Armée française sous le commandement
du général Jean de Lattre de Tassigny.
Sur un total de 550.000 hommes,
on compte alors 134.000 Algériens, 73.000 Marocains, 26.000 Tunisiens et 92.000 ressortissants d'Afrique noire.
Mais l'amertume des soldats des colonies est grande quand ils découvrent après la démobilisation qu'ils devront se satisfaire de pensions inférieures du tiers ou de moitié à celles de leurs compagnons d'armes européens, malgré les demandes expresses de leurs officiers.
Des officiers comme le général Leclerc ont beau protester, le gouvernement se justifie en invoquant les pénuries d'après-guerre, le manque de liquidités et le niveau de vie dans les colonies inférieur à ce qu'il est en métropole.
Le décalage s'amplifie en 1959 lorsque les anciennes colonies deviennent indépendantes. Le ministère des Finances décide alors de «geler les pensions» des anciens combattants qui prendraient la nationalité de l'un des nouveaux pays ; une mesquinerie qui a l'apparence de la logique...
Il est dans l’air du temps, assis dans un fauteuil devant le poste de télévision,
de refaire l’histoire.
Le mauvais film Indigènes, de Rachid Bouchareb (2006),
montre maladroitement comment l'armée d'Afrique, Européens
et indigènes mêlés, a contribué à la libération de l'Italie
et de la France en 1944-1945.
Ce film a le mérite de remettre à l'ordre du jour le scandale des pensions.
Le film de Rachid Bouchareb permet, pour la première fois depuis 60 ans, de corriger l’Histoire officielle, de rappeler que, sans les sacrifices exemplaires de l’Armée d’Afrique, la France aurait été absente du cercle restreint des États qui prendront les grandes décisions à la fin de la guerre de 1939-1945 .
Ce film pris très au sérieux (même par un président de la République)!
oublie complètement tous les Français d'Afrique du Nord, d'origine européenne, qui se sont engagés pour venir au secours des métropolitains.
Il est regrettable que la devise de la France,
Liberté,égalité,fraternité
ne se soit pas appliquée pas pour les membres de l'Armée d'Afrique.
Certes, la République française, ingrate, a vite oublié les sacrifices des soldats de l’Armée d’Afrique.
Pourquoi cet oubli ? (article du Pèlerin n° 6460,de Laurent Larcher)
« Cela arrangeait tout le monde.
Après la guerre, se constitue le mythe d'une France qui se
libère grâce aux mouvements de résistance,
et admettre le rôlede l'armée d'Afrique dans cette libération va
à l'encontrede cette mythologie.
Constater, enfin, que la patrie doit aussi son salut à des "indigènes" heurtait la sensibilité du temps. Et pourtant !
Le 8 mai 1945, jour de la victoire sur l'Allemagne, une manifestation indépendantiste à laquelle participent d'anciens combattants est brutalement réprimée à Sétif, en Algérie.
C'est le début de la fracture coloniale.